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Intelligence Artificielle : la littérature peut-elle encore nous apprendre l’avenir ?

Intelligence Artificielle : la littérature peut-elle encore nous apprendre l’avenir ?

La littérature en a rêvé, la révolution technologique en a fait une réalité. Autrefois fantasme des auteurs de science-fiction, l’intelligence artificielle (IA) a envahi nos existences suscitant autant de peurs que de d’enthousiasme.

L’intelligence artificielle vise à mimer le fonctionnement du cerveau humain, ou du moins sa logique lorsqu’il s’agit de prendre des décisions. Des réseaux de neurones artificiels constitués de serveurs et permettant de traiter de lourds calculs au sein de gigantesques bases de données laissent entrevoir un potentiel infini. La machine va-t-elle alors un jour surpasser l’homme ?

Quel rôle pour les écrivains dans cette transformation en cours de notre société ? Dialogue  à l’escale du Livre de Bordeaux entre Pierre Ducrozet qui explore l’intelligence artificielle et le courant du transhumanisme dans L’invention des corps et Alexis Brocas, auteur d’Un Dieu dans la machine et rédacteur en chef adjoint du Nouveau magazine littéraire qui consacre son dossier d’avril à l’intelligence artificielle.

Pourquoi écrire des romans sur l’intelligence artificielle ?

A l’origine d’Un Dieu dans la machine, Alexis Brocas avoue avoir une fascination par le big data et les milliards de données qui sont collectées par notre téléphone et les objets dits connectés dont on tire des statistiques.  On crée du savoir inédit suscité par des machines. Dans ce roman, le narrateur travaille pour l’entreprise Larcher qui analyse ces données qui ont valeur de prédictions. Il apprend de cette même machine que sa fille va mourir à 17 ans. « Je ne suis pas informaticien ni spécialiste aussi j’ai opté pour le « JE » qui va progressivement comprendre les pouvoirs comme les limites de la machine. »

Alexis Brocas

Au fondement de l’écriture de Pierre Ducrozet, il s’interroge en quoi internet bouleverse la forme littéraire et se demande à quoi ressemble le roman du XXIème siècle.  « Je me laisse contaminer par l’extérieur pour écrire. En quoi l’internet modifie mon écriture ? » Pour lui, l’internet rend la vérité difractée, il opte donc naturellement pour plusieurs personnages, scènes, lieux en parallèle. Le roman du XXIème siècle est d’une forme éclatée,  avec des liens hypertextes ;  internet impose la forme !

Ce qui rassemble les 2 romans : l’esthétique de notre temps

Alexis Brocas raconte la vie d’un personnage passionné par les jeux vidéo et son style d’écriture prend la forme de jeu vidéo. Il entend dénoncer combien l’imaginaire d‘aujourd’hui est devenu dépendant d’objets commerciaux, les jeux vidéo, qui nous surveillent et récoltent des données.

Pierre Ducrozet est curieux de la révolution du savoir et de la condition humaine qui promet des rêves d’intelligence artificielle, de vie immortelle ou encore d’humain augmenté. Comment ne peut pas écrire dessus ?

Pierre Ducrozet

Les deux auteurs se rejoignent sur un constat : on invente des technologies et non des usages. Nos inventions inventent leurs propres usages. La fiction a donc un rôle à jouer. La science-fiction des 70’s avait des intuitions de notre monde actuel. Il est indispensable de créer un imaginaire pour rendre compte ou alerter.

Intelligence Artificielle, une peur infondée

Il faut s’accorder sur le fait que beaucoup  d’histoires mettent en avant une intelligence artificielle qui finit toujours par faire du mal et finira par supprimer l’humain.

L’homme est complexé face  l’intelligence artificielle  et est alimenté par la peur de se voir dépassé voire supprimé. Désormais elle bat le champion aux échecs. Certes l’IA est supérieure à l’homme car elle est hyper spécialisée. Elle ne s’adapte pas à un environnement plus large. Au final, est-elle supérieure alors ? L’IA n’égalera jamais l’esprit humain malgré les innovations régulières.

Intelligence Artificielle, Utopie ou Cauchemar ?

L’intelligence artificielle est portée par un discours radieux qui promet d’anticiper les problèmes et de résoudre avant même qu’ils se posent. Une meilleure détection de maladies rares et orphelines, une meilleure reconnaissance faciale pour plus de sécurité, une meilleure reconnaissance vocale qui change la vie aux aveugles… L’IA n’est pas un monstre et fait aussi des erreurs. Elle doit apprendre. Alexis Brocas a donc préféré augmenter sa machine par l’homme : les synthèses du narrateur permettent de donner des échantillons d’arbitraire à la machine pour toujours plus améliorer ses algorithmes. « Je suis littéraire et attaché aux livres ; mon camp est celui des livres. J’ai donc naturellement tendance à prendre ce côté. Le noir est plus fécond du point de vue romanesque. »

Le transhumanisme se veut, selon Pierre Ducrozet, l’aboutissement jusqu’auboutiste de la logique capitaliste réservé à une élite. Il ne s’agit pas de vaincre la mort pour tous mais plutôt rendre immortels ceux qui gagnent déjà aujourd’hui. Le transhumanisme est un chemin pour se donner les attributs divins de l’omniscience à l’immortalité et donc s’impose comme une nouvelle religion. 

Peut-on travailler à l’améliorer les facultés de l’homme sans tomber dans l’immoral ?

Le corps est un obstacle, il est méprisé. La machine veut perfectionner l’homme, le corps n’est rien. L’intelligence artificielle serait-elle un miroir qui permettrait de gommer toutes les imperfections de notre humanité ? Le discours du le transhumanisme est notamment porté par Raymond Kurzweil, pape du transhumanisme chez Google, qui mange 200 pilules par jour et  annonce la singularité l’avènement de l’IA égale à l’homme dans 20 ans. Par le truchement d’une nouvelle mystique et de son prêtre, le géant économique prépare surtout la hausse de son chiffre d’affaires !

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