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Les porteurs d’eau d’Atiq Rahimi

Les porteurs d’eau d’Atiq Rahimi

Deux histoires d’amour qui disent beaucoup des racines afghanes de l’auteur comme de la souffrance de l’exil.

Atiq Rahimi, né en 1962 à Kaboul, s’est tout d’abord réfugié au Pakistan pour fuir la guerre d’Afghanistan. Son dernier roman, Les porteurs d’eau, est un récit croisé de la vie d’un exilé afghan entre Paris et Amsterdam et de celle d’un porteur d’eau à Kaboul.

Des histoires d’amour qui souffrent de l’absence de langage

Le porteur d’eau à Kaboul, Youssef, n’a d’yeux que pour sa belle-sœur. Mais il n’a pas les mots pour exprimer ses émotions, ses sentiments…son amour.
Tom, l’exilé, ne sait pas aimer dans sa langue d’adoption. Quand il est naturalisé français ou « empaillé » en bon français dit Atiq Rahimi, il cherche les mots dans le dictionnaire et ne maîtrise que des mots fonctionnels. La langue d’adoption tient à distance ; elle n’est pas apte à nommer les sentiments.
L’histoire de Youssef est décrite telle un conte et utilise le passé simple quand celle de Tom utilise le présent et le « je ».

Un « Je » qui devient « Tu »

Atiq Rahimi explique pourquoi ce glissement de forme narrative. Il vient d’une société où l’individu n’existe pas ; l’individu existe dans sa famille, sa religion, sa communauté. Chez lui, on ne parvient pas à parler à la première personne.
Tom est dans un moment charnière de sa vie ; il vit une dichotomie propre à lui, propre à l’exil : le « tu » était le plus approprié. Tom est une personne errante. L’exilé vit hors de son temps, hors de sa langue. Dans la langue persane, il n’y pas de futur, tout est destin. Pour tenter d’exprimer le futur en persan, on utilise l’auxiliaire « vouloir » qui est accolé à la racine d’un autre verbe au passé.

2 histoires d’amour qui rejoignent la grande histoire

Youssef est porteur d’eau et découvre l’eau dans une source qui n’est autre qu’un temple bouddhiste. Il cherche l’eau à la source de son identité.
De son côté, Tom est porté par l’eau. La pluie le suit partout où il va.
Ces deux histoires d’amour parallèles rejoignent la grande histoire ou plutôt la légende qui a donné une histoire d’amour entre les deux bouddhas que détruiront les talibans en mars 2001.

L’indignation de la destruction des Bouddhas par les Talibans

Ces deux grands bouddhas se sont sacrifiés pour que les regards de l’occident se tournent de nouveau vers le sort des afghans et en particulier des femmes afghanes. « Que vaut-il mieux ? La création ou la procréation ? Je n’ai jamais compris cet acte de destruction des bouddhas » Il s’agissait certes de détruire les racines d’un peuple mais surtout de cacher le véritable objectif : les tours jumelles de New York.
Qu’est-ce qu’une nation sans sa mémoire ? La force de l’art demeure dans le vide que les bouddhas ont laissé. Le monde entier négocie le retour des talibans leur retour au gouvernement. Les vides des bouddhas les attendent également !

2 personnages féminins si présentes, si absentes

Chérine qui veut dire douce comme le miel et le lait en persan. Dans le roman, elle dort tout le temps et parle dans son sommeil. Est-elle amoureuse du marchand ou du porteur d’eau ? Une ambiguïté qui demeure jusqu’au bout.
Rina,la femme de Tom, dort tout le temps et Nouria, son amour nouveau, n’est jamais physiquement présente.
Et pourtant ces femmes sont toutes entières envahissantes, s’imposant aux pensées et aux cœurs des personnages principaux du récit. Elles sont au cœur du récit sans être vivantes.

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